Bureau des affaires surhumaines

L'office de Mr Mc Coy était spacieux et lumineux, conçu pour donner à son occupant une grande liberté de mouvement. Ses murs incurvés étaient couverts de bibliothèques gigantesques qui montaient jusqu'au plafond, haut de 6 mètres. Aucun escabeau ne permettait d'acceder aux livres perchés, car Mc Coy n'en avait pas l'utilité. Le bureau lui même avait été taillé dans un baobab, puis verni et équipé des derniers équipements informatiques et électroniques de pointe.
Le directeur des affaires surhumaines soupirait.
Il avait échoué avec l'académie NPA, et aujourd'hui les supers pullulaient dans la ville et le pays sans réel contrôle. Beaucoup passaient du côté des insoumises à cause du manque de guides, et de la trop haute surveillance de l'Arc et de l'Avant garde. Lui-même avait du arreter un certain nombre de jeunes supers.

Le dernier combat qu'il avait mené était contre une créature infernale et extra terrestre d'un type inconnu, à demi tangible et à l'origine de centaines de morts... Le bureau était en effervescence depuis cette affaire, car la créature avait disparu après avoir tenté de détruire la source des champs de force de la ville. Nul n'a su pourquoi elle n'avait pas pu terminer cette sinistre tache, ni où elle était passée.

La seule piste de Mc Coy venait des Ombres Diurnes, une source qu'il prenait soin de dissimuler aux yeux mêmes des membres de son équipe.
Un dossier à demi ouvert se trouvait devant la main monstrueuse de Mc Coy, quelques photos éparpillées s'en échappaient, dévoilant des supers vétus de costumes moulant noirs et blancs, frappés d'un "5". Deux noms apparaissaient dans les différents rapports. Le professeur Magnus Tobias, inscrit à l'université de Steel Canyon; et l'ex capitaine des marines Kay Stuart.

On frappait à la porte, comme Mc Coy prenait soin de ranger le dossier tout en laissant entrer sa secrétaire.
Sa mine inquiète en disait long tandis qu'elle posait un rapport prioritaire sur le bureau.
Mc Coy le parcouru rapidement, et évaluait les faits et les incohérences...

Le général Mac Pherson est décédé... Traces de griffes, de brûlures, d'impacts violents, de gelures et d'outremonde... Réminescences psychiques montrant un homme roux de taille moyenne utilisant le pouvoir obscur...

-Mathérius... Souffla Mc Coy, presque inaudible.

-Pardon monsieur le directeur ?

-Merci Jean, vous pouvez disposer, dites à l'équipe N°3 de poursuivre, affaire classée priorité Alpha. Répondait Mc Coy en tamponnant et signant le mandat.

Alors que la secrétaire sortait, Mc Coy se tourna, inquiet, vers la grande baie vitrée de son bureau.

-Mathérius mon petit, tu vas devoir répondre à mes questions... Cette fois tu es allé trop loin.

Après avoir ouvert la double fenêtre, signalé son départ, et ôté son complet veston, le super héros "Primate" prit son élan et sauta de son balcon, traversant un tiers du quartier d'un seul bond.

La zone de guerre de l'Avant Garde était un véritable bastion de résistance.
La menace extra-terrestre avait réussi l'impossible : à savoir unir les différentes factions de ce monde contre elle.
L'un des plus éminents acteurs de ce mouvement militaire était ironiquement un pacifiste, le super-héros connu sous le pseudonyme de "Primate". Toutefois il n'était pas là pour lutter contre les riktis. Pas cette fois.
Le Primate sautait au dessus des ruines, franchissant des distances fabuleuses en un minimum de temps. Entre chaque sauts il évaluait le terrain, ses sens de prédateur aux aguets. Vouté comme une panthère, il fouilla les environs de hangars délabrés et trouva ses cibles.
Leur piste était fraîche, et la marque de cette fragrance âcre ne pouvait que le guider.
Plus proche que jamais, Primate senti son cœur se serrer.
Comment était ce possible ?
Encore un bond, et il atterri souplement sur le toit du hangar, avant de s'y glisser.
Ses sens s'acclimataient à la quasi obscurité tandis que les soldats Arachnos qui se réunissaient ici se concertaient discrètement.
Ils portaient des tenues spéciales, renforcées et noires comme de l'encre, mais différentes de la tenue réglementaire de l'armée du maître des Isoumises.
Primate était aussi preste et vif qu'un félin, et n'avait produit aucun son. Pourtant les soldats l'avaient repéré, et lançaient sans un cri une attaque coordonnée. Primate esquiva la première vague d'assaut, bondissant depuis le toit jusque devant les soldats qui déjà se dispersaient. Primate défonça le sol sous lui, faisant voler le béton en éclats sous la déflagration. Deux soldats succombèrent à l'onde de choc, le corps brisé et posé en un angle impossible. Les autres usaient sans relâche de leurs pouvoirs, aussi meurtriers que divers. Ainsi lames acérées, énergies toxiques, coups et rafales mentales s'abattirent sur le super-héros. Leur assaut était parfaitement préparé et adapté à la morphologie quasi indestructible de Primate. Pourtant il ne broncha pas.
Les vilains eurent un instant d'hésitation comme le mastodonte mis hors d'état de nuire leur brute d'un terrible uppercut, qui l'envoya s'encastrer dans une poutre d'acier. Primate était l'un des combattants les plus aguerri qui soit, plusieurs mondes confondus. Il bénéficiait de l'expérience et l'entrainement de chefs de guerre antiques et modernes, dont certains pouvait être qualifiés de mythologiques : comme Périklès le spartiate. Il avait défié dieux et démons, super-vilains et tyrans sans jamais fléchir.
Il profita ainsi de l'hésitation, et mis à bas les derniers soldats, sauf leur leader, une psi visiblement.

-Je vais faire de vous moins qu'un animal, professeur... En anéantissant votre intelligence je vous ôterais votre plus grand pouvoir. Adieu ! S'exclama t'elle en riant aux éclat, concentrée et meurtrière.

Les yeux du Primate s'étrécirent alors qu'il sentait sa volonté flancher. le combat mental était intense.

-Votre volonté est admirable professeur, vraiment. Pourtant -Nghhh- je vais gagner ce duel. Oh et surtout malgré votre dégénérescence prochaine je vous prierais de ne pas pisser partout...

Un sourire carnassier illumina le faciès fauve de Primate, alors qu'il sentait la bête en lui prendre le dessus.

-Pourquoi souriez vous ? Demanda la psi, inclinant sa tête vers la gauche en signe de doute.
-Ma chère amie si vous débranchez les fonctions principales de mon cerveau, je ne serais rien de moins qu'un animal c'est certain... Mais que croirez vous que je vous ferais alors ?

La psi tendit ses mains devant elle alors que la masse de muscles fondait sur elle en feulant.
Elle hurla.
En vain.

Plus tard, Primate se trouva dans son laboratoire, nettoyant le sang et les lambeaux de chair coincés dans sa fourrure et entre ses crocs. Le souvenir de ce "dîner" lui laissa un souvenir pénible, lui qui était pacifiste, il maudit cette femme tout en examinant les prélèvements qu'il avait fait sur ces super soldats Arachnos.
Ses yeux s'écarquillèrent devant son microscope.

-Non... Gémit il, incrédule. C'est... C'est MA formule, elle a évolué mais, mais... Arachnos a utilisé MA formule pour leur projet Ombre ?
Henry Mc Coy se prit alors la tête entre ses mains difformes.

Pas encore...
Pitié pas encore...

(à suivre)

TA formule? (mais de quoi parle t'il?)

Miam. la suite la suite.